Le style Bobber

Le bobber est une moto modifiée dont la popularité explose au lendemain de la seconde guerre mondiale avec le retour des « boys » au pays. La confidentielle Crocker 1000 de 1936 accrédite le fait que ce style de moto sportive existait bien avant 1941. Lors de leur cantonnement au Royaume-Uni, les soldats américains ont découvert les ludiques motos anglaises dont une certaine Triumph Speed Twin.

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Les bases mécaniques : Harley et Indian mais aussi Triumph

Les bobbers sont conçus autour de V-Twin dit « Flathead  » Harley-Davidson ou Indian à soupapes latérales voire plus rarement à partir de Knucklehead à distribution culbutées. L’importation massive des anglaises dès 1946 vers le Nouveau Monde verra également l’apparition de Triumph « bobberisée ».

Le bobber : un ADN sportif

Ces motos s’inspirent tant par leurs formes que par leur propos des racers disputant les courses de flat track en Class C en district ou lors du Grand National.

Ce championnat imaginée par l’AMA (American Motorcycle Association) voit le jour en 1933 et a pour objectif de limiter la course à l’armement entre les deux seuls constructeurs américains survivants. En effet, le Monde traverse alors une crise économique sans précédent qui s’est traduit aux USA et dans le domaine de la moto par la disparition de Excelsior-Hendersons en 1930.

La Class C verra donc courir des V-Twin rustiques à soupapes latérales de 750 cm3 ou 45 ci tels que les Harley-Davidson RLDR 75 puis WR (1938) et Indian Sport Scout puis 648 « Big Base » Scout (1947). Cette dernière construite à 50 exemplaires remportera l’édition 1948 des 200 miles de Daytona. Malgré une mécanique « agricole », ces machines furent chronométrées à 180 km/h sur la terre battue !

Pourquoi le nom de « Bobber » ?

first biker on a Harley-Davidson Knucklehead bobber (1947-1950).
Un biker membre des Boozefighters MC sur son Knucklehead bobber (1947-1950). Source : TheVintagent.com

Le terme « bobber » provient du verbe anglais « To Bob » dont l’origine exacte prête à débat car il signifie aussi bien l’action de couper les cheveux au carré (une coiffure très à la mode dans les années 30 et 40) que de raccourcir la queue d’un animal.

La custom culture ne nait pas avec le bobber

Les premières motos customisées dites « cut-down » ont vu le jour dès les années 20. Les Harley-Davidson Model J ou Indian Scout sont alors extrêmement endurant grâce à des roulements surdimensionnés et de la présence de nombreuses pièces en acier au vanadium. Cette qualité de fabrication permettra aux bikers d’améliorer leur moto plutôt que de simplement l’entretenir.

De quel état américain est originaire le bobber ?

L’état de Californie surnommé le « Golden State » permet d’utiliser une moto toute l’année grâce à un climat méditerranéen. C’est donc là que la scène bobber éclot dès 1946 avec la création des premiers Motorcycle clubs ou MC outlaw tel que les Yellow Jackets ou les Galloping Goose. Le terme « outlaw » ou « hors la loi » correspond au fait qu’ils ne sont pas affiliés avec la fédération américaine de motocyclisme.

Les recettes d’un « Bob-Job »

De retour au pays, la majorité des vétérans n’ont pas les moyens d’acheter un vertical Twin. Ces premiers bikers font ce qu’ils appellent un « bob-job » en ôtant ce qu’il juge comme superflu car comme chacun sait, l’ennemi, c’est le poids !

Le pare brise, les sacoches et le garde-boue avant sont généralement déposés alors que son homologue arrière est largement raccourci. Une fine selle solo et un pouf permettant de prendre une position couchée remplacent l’imposante selle « buddy guy ».

Des préparateurs à foison

Triumph T120 Bobber
Interprétation moderne d’un bobber sur base de Triumph T120 Bonneville

Au sein de son école de mécanique, la  Service Schools, Harley-Davidson a formé au cours de la guerre des milliers de mécaniciens  militaires aptes à entretenir les 50 000 WLA envoyées en Europe.

Ce sont autant de potentiels préparateurs pouvant donner des Watt à ces mécaniques simplissimes, abondantes et bon marché puisque un V-Twin d’avant-guerre coûte environ 100$ soit deux mois de solde.

Bobber et café racer : pour un shoot d’adrénaline

Un bobber est le pendant américain du café racer anglais puisque la démarche qui prévaut dans les deux cas est de coursifier des motos à vocation utilitaire. D’ailleurs, L’Équipée Sauvage qui retrace à la moulinette hollywoodienne des affrontements entre bikers et la police s’étant déroulé en Californie en 1947 sera l’un des piliers de la scène café racer.

Différence entre un bobber et un chopper

triumph bonneville bobber
Triumph Bonneville Bobber ou la moto moderne la plus proche d’un modèle des années 1940-50.

Le chopper tire son nom du verbe « to chop » qui signifie « couper ». Les prémices de ce style de moto modifiée dans un but purement esthétique date du début des années 50 avec l’apparition (timide) de guidons apehanger, de chromes et de peintures pailletées.

Il se démarque du bobber par des modifications du cadre rigide ( « hardtail » en anglais) tels que :

  • Soudure d’un déport vers l’avant dit « Gooseneck » ou « col de cygne » en français.
  • Angle de chasse accru.
  • Jante avant en 21 pouces.
  • Fourche allongée.

L’age d’or du chopper se situe environ entre 1965 et 1975 avec comme point d’orgue Easy Rider (1969). Ce film popularisera à l’international ce courant « mécanico-artistique californien » qui peut aussi s’exprimer sur des japonaises.